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Le p'tit labo du Dino
5 septembre 2007

Laissons les enfants à leur place !

Une des choses qui m'exaspère en ce moment est l'image des enfants véhiculée par les médias.

Dans les publicités, les films, les séries, et même dans certains livres, les enfants sont systématiquement présentés comme des mini-adultes améliorés, tellement plus beaux, plus malins, plus intelligents, plus raisonnables que "les grands".

Un ordinateur apparaît ? C'est forcément un enfant qui, en frappant quelques touches d'un air concentré, accomplira des merveilles (qui feraient pâlir d'envie un informaticien chevronné), sous l'oeil ahuri d'un adulte complètement largué. L'adulte a-t'il un problème personnel ou sentimental ? Il s'en ouvrira à l'enfant qui saura lui prodiguer de sages conseils. La petite fille conseille sa maman sur sa vie sexuelle, la traitant même de coincée si celle-ci est trop sage à son goût. Dans les publicités, on peut voir toute la journée des enfants raisonnant leurs parents, décidant des achats de la famille, voire même répondant à des adultes avec une insolence que tout le monde semble considérer comme allant de soi.

Ah ces enfants, objets de toutes les projections, de tous les désirs, de tous les fantasmes de ces adultes en adoration devant leur progéniture ou nostalgiques d'une pseudo innocence perdue!

En y réfléchissant, n'est-ce pas une cruelle remise en place de l'adulte, qui de guide, d'éducateur, se voit renvoyé au rôle de disciple ? Actuellement, dans une certaine émission (que je refuse de regarder mais dont j'ai subi la bande annonce), des adultes joyeusement consentants affirment chaque soir qu'ils sont "moins forts qu'un élève de CM2" ! Flagellation masochiste ou réalité désolante ?

Le résultat de tout cela est, selon moi, doublement consternant.

D'un côté, nous retrouvons des enfants tellement sûrs d'eux, tellement bouffis de leur importance qu'ils ne ressemblent souvent plus que de très loin à des enfants. Leur fraîcheur, leur innocence disparaît trop souvent sous une suffisance écoeurante. En tant qu'organismes déjà achevés et parfaits, ils ne tolèrent plus aucune tentative d'apprentissage puisqu'ils savent tellement mieux que les grands (c'est ce qu'on leur répète toute la journée en tout cas). Ils ne font plus l'effort d'aller vers le monde des adultes puisque leur monde est devenu la norme, les adultes (qu'on devrait plutôt appeler les non-enfants, sur le modèle de non-voyants, non-entendants) leur empruntant leur code vestimentaire, leur langage, leurs références. Et je ne parle même pas de la pression qui découle de tout ça. Quand on est une idole, on n'a pas droit à l'erreur !

De l'autre côté, nous voyons des adultes infantilisés, qui, encouragés par une société et des médias de plus en plus "jeunistes", jouent à la poupée avec leurs enfants, projettent leur sexualité sur eux (voir ces petites filles habillées en lolitas), singent leurs enfants dans une sorte de course à qui sera le plus immature, se retranchent au moindre problème derrière une crise d'adolescence qu'ils voient arriver de plus en plus tôt (depuis quand une fillette de 8 ans est-elle une adolescente ?) et ne tolèrent plus aucune crise, aucun conflit. Ces adultes semblent avoir renoncé à leur rôle, se laissant conduire par leurs enfants au lieu de leur montrer le chemin. Je sais que je suis vieux jeu, mais pour moi, un parent n'est pas un copain. Un parent est souvent celui qui dit non, parce qu'il sait que ce que veut son enfant n'est pas forcément ce qui est bon pour lui. On ne peut pas demander à nos enfants de grandir plus vite pour qu'ils prennent notre place.

Dans cette proximité contre-nature, quels repères les enfants peuvent-ils trouver face à des adultes systématiquement présentés comme des ringards ou des imbéciles, ou se conduisant de plus en plus souvent comme tels ?

Et si les adultes reprennaient un peu leur place ? Et si les enfants pouvaient à nouveau leur faire confiance et accepter de n'être que des enfants, des êtres en formation, qui ont le droit de ne pas savoir, de découvrir de nouvelles choses ?

Certains pourront penser que la raison de cet article est que je n'aime pas les enfants. C'est tout à fait le contraire. J'aime les enfants, ce que je n'aime pas, c'est ce que les adultes en font.

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Commentaires
M
Avec ça tu vas t'attirer les foudres de tous les pirates informatiques de CE2...
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